Je suis en colère, alors j’emmerde le politiquement correct !

J’ai expliqué ici les raisons de ma détresse, le deuil avance alors maintenant ce que je ressens c’est de la colère ( normalement la colère c’est avant la dépression, ben moi c’est pas dans cet ordre là ), attention ça va piquer les yeux. Tous ces empaffés qui n’ont rien fait avant sont en train de s’agiter pour proposer des choses après. Bon, OK mieux vaut tard que jamais. Mais déjà les gars faut comprendre que c’est trop tard pour Samuel Paty, c’est trop tard pour Dominique Bernard. Et si rien n’est fait rapidement, ça risque d’être trop tard pour les prochains. Alors le concours des solutions débiles est lancé, à vos marques , prêt partez.

Les fachos font un lien entre immigration et terrorisme, j’ai pas envie de développer tellement c’est débile, puisque 80% des auteurs d’attentats en France ( aboutis, échoués ou déjoués) sont des français et pas des immigrés. Ils proposent aussi de durcir les peines, sans dire qu’aucun des condamnés pour terrorisme, radicalisation, apologie du terrorisme en France n’a jamais commis d’attentat après sa libération. Par ailleurs , « De manière générale, la médiane globale du taux de récidive des délinquants terroristes et extrémistes violents est de 5,5 %. Par rapport au taux de récidive des « délinquants classiques » (généralement compris entre 40 et 60 %) , le taux de récidive des terroristes et extrémistes violents est extrêmement faible. » ( pour les courageux et les courageuses la source est ici ). On pourrait aussi parler du Hamas qui a pénétré sur le territoire d’Israël pour commettre ses horreurs qui par conséquent n’ont pas été commises par des immigrés. On pourrait aussi parler des talibans qui commettent des horreurs sur leur propre territoire. On pourrait…On pourrait…. Mais j’avais dit que j’avais pas envie de développer.

Wauquiez, qui se voit déjà président propose quant à lui la reconnaissance faciale, je ne vais pas lui répondre mais laisser le soin à un expert de le faire. J’ai juste envie de dire qu’une caméra c’est bien à posteriori peut-être mais ça ne peut pas arrêter une kalashnikov ( ce n’est pas une preuve d’intelligence de suggérer le contraire).

Quand à Bertrand, lui, il propose la rétention administrative pour toutes les OQTF. Ce qui est aussi pertinent que la proposition des fachos, mais je ne vais pas répéter les arguments. Juste rajouter que bien sur, parmi les gens qui sont en attente pour une OQTF, ils ne sont pas tous prêts à commettre un attentat, alors les mettre 18 mois en rétention juste au cas où, ça fait quand même très minority report puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’une pénalisation de l’intention.

Soyons juste à l’égard des fachos, ils n’ont rien fait parce qu’il n’ont jamais eu le pouvoir, par contre Wauquiez et Bertrand , eux et leurs amis ça fait des décennies qu’ils ont le pouvoir et qu’ils ont contribué à construire un monde que j’ai décrit dans mon article de ce matin où je fais part de ma détresse de prof feignasse et privilégié et dans lequel il n’y a pas d’autre valeur que le pognon, loin des valeurs de savoir qu’il faut cultiver pour lutter contre l’obscurantisme et maintenir la république debout et ne rien céder comme le déclare notre première ministre . Vous savez celle qui se déplace dans une voiture blindée avec une armée de gardes du corps et une armada de policiers et qui s’assoit sur la démocratie parlementaire en abusant du 49.3 ( si si , ça à un rapport parce que la démocratie et la république et la constitution ne sont pas sorties ex-nihilo ).

Finalement, et ça me fait mal de le dire, la meilleure réponse pour le moment c’est celle de Gabriel Attal qui avait promis d’être intraitable quand au respect de la minute de silence. Et qui semble tenir parole, puisque sur les 357 incidents recensés, «179 saisines du procureur de la République qui partent ce jour pour engager des poursuites contre ces élèves, 179 procédures disciplinaires qui partent également», a-t-il précisé. Sur ces 179 élèves, 68 ont eu «des propos et actes d’une particulière gravité», confie-t-on mardi soir dans l’entourage de Gabriel Attal. Pour ces 68 cas relevant de l’apologie du terrorisme, le ministre a adressé aux chefs d’établissement «une demande d’exclusion immédiate», sans attendre la convocation du conseil de discipline. ( source ). Mais surtout il dit : «À un moment, la tolérance, ça va ! La bienveillance, ça va ! Et le pas de vague, c’est fini ! ». Et là, j’applaudis par ce que ça commence un peu à répondre à mon cri de ce matin. Ce n’est qu’un début, mais c’est déjà un début.

Il reste à savoir ce que la justice décidera, mais, pardon si je cède à la colère et peut-être que dans quelques jours je regretterai ce que je suis en train d’écrire, mais si ces terroristes en herbe ne reviennent jamais dans aucune école, ben je dis pourquoi pas. Il va falloir peut-être en finir avec l’école gratuite et obligatoire et construire des écoles pénitentiaires payantes et obligatoires et pas seulement pour les auteurs d’apologie du terrorisme pendant les minutes de silence, il faut y mettre aussi tous les branleurs qui pourrissent nos classes, c’est à dire une école obligatoire et gratuite mais juste pour ceux qui respectent les règles et font des efforts, je ne parle pas de performance, je ne parle pas d’élitisme, je parle d’efforts. Et tant qu’à faire on pourrait aussi exclure la gratuité pour les parents qui nous les brisent, parce que faut pas oublier que si l’institution et les potes à Neuneu et Ducon n’avaient pas offert la possibilité aux parents de nous les briser , le père de la petite menteuse n’aurait peut-être jamais eu l’idée de les briser à Samuel Paty, qui n’aurait pas été obligé par son chef à s’excuser, puis il n’aurait pas fait monter la mayonnaise sur les réseaux sociaux et peut-être qu’aucun débile n’aurait jamais eu l’idée de venir décapiter Samuel Paty. Aux grands mots les grands remèdes, en attendant que l’école soit remise sur pieds, et des programmes solides restaurés avec de vraies exigences de comportement et de travail dès le CP, donc pendant une vingtaine d’année, interdiction totale à n’importe quel parent de la ramener sur quelque sujet que ce soit ! Interdiction totale à n’importe quel élève de contester le moindre contenu d’enseignement. sinon, ouste dehors tu vas dans l’école publique payante. je vous avais prévenu que j’étais en colère et que ça allait piquer. Bon du coup si je résume il va falloir 3 écoles : 1 école publique et gratuite, 1 école publique et payante, 1 école pénitentiaire payante. Pour que les choses soient claires je suis un électeur du type qui fait des grimaces. Hein? quoi? comment ça c’est pas clair? vous savez le type pour lequel certaines personnes qui partagent ses valeurs et ses idées ne peuvent pas voter parce que des fois il fait des grimaces.

Ha oui j’oubliais, j’ai une autre idée pour un début de solution :

petit complément d’article le 20 octobre :

Gabriel Attal en remet une couche ( voir cet article ).
« Le ministre de l’Education nationale annonce vouloir travailler avec Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, « pour les sortir de nos établissements scolaires ». « On doit penser à des structures spécialisées », car « on ne se bat plus à armes égales ». Il évoque le nombre de « plusieurs dizaines, probablement », de mineurs qui constitueraient aujourd’hui « un danger » ou « une menace ». « A un moment donné, des élèves doivent être sortis de nos établissements », dénonce-t-il. » Je ne peux que souscrire, mais il va falloir aussi des mesures de protection des mineurs, c’est à dire les sortir de leur famille et les placer dans des foyers où il faudra un peu plus que des éducateurs à poil. Le problème ça va donc être l’argent, car de nos jours nos concitoyens sont obsédés par l’idée de payer toujours moins d’impôts.

encore un autre complément toujours le 20 octobre :

Le tueur de Dominique Bernard avait été signalé à deux reprises dans le lycée d’Arras pour des incidents liés à sa radicalisation, pourtant alors qu’il avait eu son BAC et donc dépassé l’âge de la scolarité obligatoire il a été pris en BTS dans son lycée d’Arras, on se dit que c’est quand même bizarre, alors qu’à ce moment là il aurait été facile de s’en débarrasser, de l’avoir recruté dans ce BTS. Et puis en fait, non, ce n’est pas bizarre du tout vu que ce ne sont plus des humains qui recrutent ce sont les algorithmes de parcours sup. Alors je pose la question, et si on confiait le recrutement post BAC a des humains? Du coup ça me fait remonter des souvenirs , on nous a dit qu’il était fiché S et que les services de renseignement le « surveillaient de près », bêtement , je me suis dit qu’il faisait l’objet d’une filature et que dès qu’il bougerait une oreille, Starsky et Hutch lui sauteraient dessus, mais non. En fait, « surveiller de près », ça se fait à distance apparemment. Allez zou, là aussi, si on remettait de l’humain…

3 ans : 3 profs

Aujourd’hui,je pense que comme la plupart des profs, je vais travailler avec le sentiment d’avoir une cible accrochée dans le dos, et je me demande pourquoi? A quoi bon? Chaque matin, je me demande ce que je fais là, c’est absurde de continuer, et pourtant, je suis là et je continue, et ça m’énerve. Tout se bouscule dans ma tête, j’ai tellement de choses à dire que je ne sais plus par quoi commencer.

Les politiques et l’institution

Déjà pour se mettre en jambes, commençons par cet article de Marianne qui m’a fait beaucoup de bien, parce que , oui, le principal responsable de la décapitation de Samuel Paty il y a 3 ans c’est bien sur celui qui a commis cet acte, mais il n’est clairement pas le seul responsable. Les politiques en prennent pour leur grade mais je retiens surtout ceci, qu’on a presque tous déjà ressenti : « Là où on parle d’élèves et de familles compliqués, jamais difficiles ou tout simplement impossibles à gérer et refusant de s’insérer dans la société française ; l’administration préfère juger que les professeurs sont en difficulté et que les chefs d’établissement sont insuffisants. Il me semble également nécessaire d’évoquer les excuses, qu’on a demandé à Samuel de formuler auprès de ses élèves ». Là encore, elle vise le poids des parents d’élèves : « Ce comportement donne tout pouvoir aux parents d’élèves qui ont un compte à régler avec l’institution. On se retrouve avec des élèves victimes et s’ils n’y avaient pas encore pensé, on les désigne obligeamment comme tels et le professeur devenant le coupable aux yeux de tous, même de certains de ses collègues. »

Oui, tout est là dans ces mots de la soeur de Samuel Paty, j’en veux une preuve supplémentaire dans la décision qui a été prise de nous offrir des formations pour parler de la laïcité et de la république à nos élèves, et bien moi je prends ça comme une insulte, comme une grande claque, parce que ça dit que le problème ce sont les profs qui seraient maladroits, mal formés et que la solution c’est donc qu’ils soient moins nuls. Alors que la solution, ça serait plutôt une transformation de fond des programmes scolaires ( j’y reviendrai peut-être), de mettre les parents dehors, d’avoir du soutien de la hiérarchie et surtout d’avoir une protection lorsqu’on est menacé. Il me font rigoler ( jaune) ces ministres qui affichent de la fermeté et bombent le torse alors qu’ils se baladent en voiture blindée avec des gardes du corps et escortés d’une armada de policiers dès qu’ils bougent le petit doigt, alors que nous? Nous on est en première ligne et complètement à poil.

Les parents et la société

Ha oui, en ce moment on se sent soutenus et la république, la société nous rendent hommage, Samuel Paty a eu droit à la légion d’honneur à titre posthume, il a eu droit à la marseillaise dans la cour d’honneur de l’Elysée, et sûrement un jour un collège à son nom, il y a déjà un square à son nom à Bordeaux, et certainement ailleurs des places, des rues.

Petite mise à jour de cet article, Dominique Bernard vient aussi de recevoir la légion d’honneur à titre posthume.

Mais en réalité, rien n’a été fait, l’institution n’a pas changé d’attitude, les politiques non plus, la société non plus, les parents non plus. Parlons en de la société, sublime contradiction entre ce que met en avant le dessin de Gros ci-dessus et la réalité depuis des décennies. Les profs sont dénigrés, traités de fainéants, mal payés ( comme tous ceux qui ont des métiers vitaux pour la société, santé, première ligne COVID etc) et ceux qui ont la reconnaissance des citoyens, et la légion d’honneur ce sont les sportifs, les artistes, les vautours du patronat et de la finance et bientôt les influenceurs? De quelles valeurs notre société fait-elle la promotion? Qui sont ceux qui sont suivis et écoutés dans les médias? sur les réseaux sociaux ? qu’est-ce qui fait des vues et des clics? Des gens qui s’attachent une saucisse au bout d’une ficelle, un ado attardé qui a dit « Quoi kou beh », une influenceuse qui prend en photo ses lèvres bourrées de collagène. Quelle place a le savoir aujourd’hui? Une place nulle, à une époque où le négationnisme scientifique fait florès, la Terre est plate, le dérèglement climatique c’est du fake, ceux qui défendent la planète sont des écoterroristes, le terrorisme islamiste c’est la faute de l’extrême gauche qui condamne pas assez fermement. Bref un monceau de conneries dont la liste complète serait interminable. Et nous, les profs, on pèse quoi dans tout ça, lorsqu’on tente de faire la promotion du savoir, de l’effort, du travail, du respect, du vivre ensemble? L’obscurantisme est là, il est bien là, et pas seulement dans les attentats islamistes, on baigne dedans, on est noyés dedans et notre parole porteuse de lumière est une goutte d’eau dans l’océan obscurantiste.

Et les parents dans tout ça? Ils nous pourrissent la vie maintenant qu’ils peuvent grâce à l’ENT nous harceler de messages pour contester les notes, contester les punitions, contester nos leçons, nos exercices, nous reprocher des propos qu’on n’a pas tenus mais que leur chère petite tête blonde a ramené à sa sauce, nous accuser, nous menacer. Alors Ok je dois nuancer tout ça, tous les parents ne le font pas, seulement une minorité, et à titre personnel je ne suis pas trop embêté par tout ça. Mais, cela signifie-t-il que ceux qui sont plus embêtés que moi sont moins compétents? Que la solution serait de leur proposer des formations ? Non, la solution c’est de fermer les ENT, d’empêcher les parents de pouvoir nous contacter, de les tenir à distance , de ne plus les écouter, de ne plus faire pression sur les profs pour leur donner satisfaction pour perdre des heures et des heures à les recevoir pour se justifier, s’excuser ( tiens ça fait drôlement penser à Samuel Paty tout ça). Alors plutôt que de nous soutenir et nous pousser comme dans ce dessin de Gros, si vous arrêtiez plutôt de nous emmerder? Si vous nous laissiez faire notre boulot? j’ai un BAC +5 en maths, j’ai 30 ans d’expérience professionnelle, comment pouvez-vous penser que vous êtes plus compétent que moi juste parce que vous êtes allé à l’école quand vous étiez petits? Et si vous faisiez plutôt votre boulot de parent? Si vous empêchiez vos gamins de courir partout au restaurant, si vous les gardiez avec vous sur la plage plutôt que de leur demander d’aller hurler loin de vous et plus près des autres. Si vous leur disiez de ne pas éclabousser les vioques qui discutent entre eux paisiblement avec de l’eau jusqu’à la taille, si vous arrêtiez d’en faire des enfants roi?.

Si vous leur disiez que l’école c’est important; qu’ils doivent respecter les règles et les professeurs et leurs camarades qui veulent travailler, qu’il faut apprendre les leçons, faire sérieusement les exercices, se taire en classe et écouter pour essayer de comprendre et surtout travailler sa mémoire plutôt que d’oublier à 10h01 ce que le prof a dit à 10h00. Si vous leur disiez que justement le rôle des profs c’est de leur donner du savoir pour les rendre libres? Libres de se forger leur propre opinion, si vous leur disiez qu’ils feraient mieux d’apprendre leurs leçons que de regarder des conneries sur les réseaux sociaux?

Les élèves

Ils ne travaillent plus, ils n’ont pas leur matériel, ils n’écoutent rien, bavarder est devenu normal, sortir son téléphone en douce aussi, et leur mémoire c’est l’ensemble vide. Comment est-il possible qu’on me demande lundi « c’est qui Samuel Paty? » alors qu’il y a 3 ans ils ont passé une demi journée à parler de lui, que chaque année il y a eu des hommages. Les élèves sont là en classe mais en fait ils ne sont pas là, leur esprit est ailleurs, leur esprit ne fait qu’attendre de pouvoir sortir et ouvrir leur téléphone pour voir s’ils ont eu un pouce en l’air, s’il n’y a pas une vidéo débile à regarder, si ils ne se sont pas fait harceler sur des commentaires, s’ils ne peuvent pas s’associer à la meute pour basher quelqu’un. Et là encore il paraît que c’est de notre faute, qu’il faut qu’on suive des formations pour savoir comment intéresser nos élèves, susciter la participation, faire du ludique avec bienveillance. Est-ce pour ces raisons qu’Agnès Lasalle est morte poignardée en plein cours par un élève? Elle aussi elle aurait eu besoin d’une formation? Comment tous ces élèves peuvent-ils être frustrés d’avoir des mauvaises notes, des mauvaises appréciations alors qu’ils ne font rien d’autre que d’être posés là. Comme si on pouvait apprendre quoi que ce soit en restant passif, sans fournir aucun effort, sans rien écouter?

Comment ne pas penser à tous les commentaires débiles suite à cette vidéo poignante du mari d’Agnès Lasalle le jour de l’enterrement? Vous ne les avez pas vus? pas lus? Tant mieux, ne le faites pas, vous risqueriez de perdre foi en l’humanité. Et bien moi quand je vois cette vidéo, je pleure. Il ne pourra plus jamais danser avec elle, c’est ce qu’il nous dit selon moi en dansant tout seul devant le cercueil de sa femme.

Comment un élève peut-il se sentir rabaissé et humilié simplement parce qu’on est passé à côté de lui et qu’on lui a dit que ce qu’il a écrit est faux? Je vous garantis que c’est vrai, un jour une élève a dit en conseil de classe que j’humiliais les élèves. Sur le coup, je n’ai pas compris pourquoi elle disait ça. Et puis, finalement, j’ai su. La veille, j’étais passé à côté d’elle et lui avais montré une erreur sur son cahier. Je vous jure, j’avais juste dit « ici c’est faux » rien de plus….Alors j’ai pris un dictionnaire et j’ai lu les définitions de « humble » et d »humilité » et d' »humiliation » devant toute la classe. Parce que l’humilité c’est d’accepter qu’on peut faire une erreur, et j’ai dit à la classe que se sentir humilié parce qu’un prof vous dit que vous avez commis une erreur c’est en fait un manque d’humilité.

Comment un élève peut-il avoir le sentiment d’injustice et du ressentiment parce qu’il a été puni pour ne pas avoir respecté le règlement? Réussirons nous à leur apprendre à assumer leurs fautes de comportement, assumer leurs erreurs dans les apprentissages, parce que l’erreur est humaine voyez-vous. Et quand on apprend quelque chose, justement, c’est important de faire des erreurs et d’avoir quelqu’un qui est là pour vous les faire remarquer afin que vous puissiez progresser en évitant de les reproduire. Comment ne pas comprendre que la disparition des activités de mémorisation en primaire ne peut pas avoir un lien avec le fait que les élèves n’arrivent plus à mémoriser quoi que ce soit? Mémoriser simplement les tables de multiplication fait de vous un extra terrestre, un intello comme ils disent. « Intello » c’est devenu une insulte dans leur bouche, comment ne pas voir une relation avec le fait que les personnalités préférées des français ne sont plus Cousteau, Hubert Reeves, Jacquart. Il faut le dire, les élèves aujourd’hui ne font plus la différence entre « et et « est », entre « dont » et « donc » entre « le » et « un », il n’y a plus de singulier ni de pluriel, plus de masculin ni de féminin. Comment alors accéder au lycée à la littérature des lumières puisqu’ils sont illettrés et n’écoutent rien quand le prof leur explique le texte. Ils n’accèdent plus aux humanités.

Alors, certes , il faut nuancer tous nos élèves ne sont pas comme ça, il en reste quelques uns, qui sont respectueux, qui écoutent, qui apprennent , qui travaillent, qui mémorisent et qui savent lire, oui mais, ils ne sont pas majoritaires, loin s’en faut.

L’obscurantisme et la lumière

Notre civilisation a traversé 1000 ans d’obscurantisme, ça s’appelle le moyen-âge. comment en sommes nous sortis? C’est quoi la renaissance? C’est quoi le siècle des lumières? On sait comment lutter contre l’obscurantisme. C’est en répandant le savoir (la lumière) qu’on est sortis du moyen âge, par l’imprimerie et par la lecture, par les arts et qu’est ce qui a suivi? Des révolutions et la république, pile poil ce qu’on nous demande de défendre aujourd’hui, pile poil ce qui est ciblé par les terroristes islamistes. Quand lundi j’ai expliqué tout ça à mes élèves en leur disant aussi que les chrétiens étaient des fanatiques pendant le moyen âge, qu’ils crucifiaient ou brulaient ceux qui ne pensaient pas comme eux. Et qu’aujourd’hui, les islamistes étaient des musulmans fanatiques et que eux aussi massacraient ceux qui ne pensaient pas comme eux, mais que ça ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas des musulmans modérés et que la laïcité c’était aussi la liberté du culte y compris pour les musulmans. Une élève a réagi  » merci de dire ça monsieur, pourquoi personne ne le dit jamais? ».

Les élèves que je viens de décrire, dans la société que je viens de décrire, avec les parents que je viens de décrire, qui vont à l’école dans une institution que je viens de décrire dont les orientations sont fixées par les politiques que je viens de décrire, comment vont-ils accéder à la lumière? Comment imaginer qu’ils ne se laisseront pas rouler par les discours fanatiques? Comment imaginer qu’ils ne vont pas se radicaliser puis passer à l’acte en pénétrant dans un lycée à Arras et en égorgeant Dominique Bernard ? Moi, je vous le dis, on n’a pas le cul sorti des ronces. Pourtant, on en a des beaux discours ces jours-ci dans les hommages rendus à Dominique Bernard. Oui, notre boulot c’est de répandre du savoir pour rendre libres les citoyens, pour former des citoyens éclairés et lutter contre l’obscurantisme, leur apprendre à résister aux discours des fanatiques et ne pas se radicaliser. Mais quand on voit qu’aujourd’hui rien n’est fait dans les programmes pour donner à nos élèves les outils nécessaires pour que le savoir puisse pénétrer leur esprit, moi je dis que c’est vraiment de la foutaise, c’est du flan. Et quand je vois les adultes répandre des fakes, se laisser embobiner par tous les amalgames grossiers et par toutes les inversions incroyables qu’on entend à longueur de journée dans les déclarations de nos politiques, je me dis que tout espoir est vain, et j’ai le sentiment que j’évoquais en introduction : « Chaque matin, je me demande ce que je fais là, c’est absurde de continuer, et pourtant, je suis là et je continue, et ça m’énerve. »

Petite histoire drôle : Vivent les réseaux sociaux.

Je consulte mon site préféré, celui de France Info. Et je tombe sur un article où Jean Viard nous explique qu’il faut faire aimer les maths aux élèves,  » rendre les maths, positifs ». Je veux bien qu’un sociologue m’explique comment faire mon métier de prof de maths, mais encore faudrait-il qu’ils soit au courant que c’est un mot féminin et qu’il dise ; « il faut rendre les maths positives ». Non, je déconne, en fait qu’il fasse de la sociologie, ça serait mieux. Mais bon en fait, ce n’est pas de ça que je voulais parler, je voulais parler des commentaires, qui comme d’habitude sont le règne du n’importe quoi.

Je me fends d’un commentaire ( et oui Laotseu2 c’est moi).

Alors, non seulement ce monsieur n’a pas perçu le sens de mon commentaire puisqu’il me dit que les maths n’ont rien à voir avec récurer des toilettes mais en plus il fait un superbe procès d’intention en supposant totalement gratuitement que j’ai mal vécu mes cours de maths, lol.

Messieurs dames, arrêtez de faire des suppositions, contentez-vous d’essayer de comprendre ce que disent les autres avant de leur répondre.

Sinon, je propose qu’on demande simplement l’avis des profs de maths pour savoir comment attirer plus d’élèves dans cette branche, en ce qui me concerne j’avais prédit cette crise dès 1999 et je peux le prouver ( que je l’avais prédit). Je ne vais pas détailler ici, ce serait trop long, j’en ai déjà écrit des kilomètres sur le sujet. Le problème ne vient pas des maths elles mêmes, ni des pratiques de profs, il vient du système éducatif et de la société, c’est une matière anachronique parce que intemporelle qui nécessite de l’engagement, de la rigueur, de l’humilité et de la résilience. Une matière où l’on doit se centrer sur un seul objectif, apprendre à argumenter. C’est incompatible avec tout ce que nous observons aujourd’hui dans les discours des politiques, des médias et sur les réseaux sociaux. C’est le contraire des slogans, du bashing, de la communication, de la rhétorique et du sophisme qui règnent en maître à une époque où tout est inversé, on vit dans le monde d’Orwell, c’est cela qu’il faut changer.

La deuxième chose à changer, c’est le ludique et la bienveillance pour y remettre à la place le travail et la sincérité, c’est vrai ou c’est faux, c’est juste ou c’est faux, les maths ne font pas de sentiments.

On me fait remarquer que la bienveillance et la sincérité ne sont pas incompatibles, c’est vrai, mais de nos jours la bienveillance est souvent hypocrite et devient donc en réalité de la malveillance. Je vais donc plus loin soyons juste sincères envers les élèves sans méchanceté, qu’ils aient un repère fiable, et là on sera réellement bienveillants. Je rajoute qu’ils est beaucoup question d’empathie aussi en ce moment, mais la société n’est ni bienveillante, ni empathique.

Qu’est ce que je veux faire plus tard? il faut des maths ou il n’en faut pas? S’il en faut alors je bosse, et je fais mon maximum pour progresser. Tout le reste c’est du flan. Allez bisous.

Profs : comparaison France reste de l’Europe

Selon les statistiques de décembre 2022 , les profs français sont, en Europe, ceux qui qui font le plus d’heures devant des élèves et qui ont les classes les plus chargées mais ils sont aussi ceux qui gagnent le moins.

heures devant élèves au primaire et au collège les plus élevés d’Europe

Les professeurs des écoles en France travaillent donc en moyenne près de 900 heures par an (temps effectif devant les élèves), juste derrière les Pays Bas (940 heures) et à égalité avec l’Irlande. Ces statistiques sont bien au-dessus de la moyenne européenne qui se situe à 740 heures annuelles.
En collège, le volume horaire en France (720 h) est identique à celui des Pays-Bas, et plus important qu’en Irlande (700 h), en Espagne (665 h), en Allemagne (641 h) ou en Italie (608 h). A savoir que la moyenne européenne est de 659 heures. ( source )

les classes les plus chargée d’Europe

Régulièrement critiquées pour être surchargées, les classes en France « présentent la taille moyenne la plus élevée » en Europe avec une moyenne de 22 élèves par classe pour le niveau élémentaire. Le minimum étant observé en Grèce, en Lettonie et en Pologne, avec 17 élèves par classe.
Pour le collège, « c’est à nouveau en France que les classes sont les plus chargées, en moyenne avec 26 élèves, puis en Espagne avec 25 élèves par classe, tandis que la Lettonie présente à nouveau le plus faible effectif moyen par classe (17) » selon le rapport de la Depp. A savoir que la moyenne dans l’Union Européenne est de 19 élèves par classe en élémentaire, et 21 au collège. ( source)

Les salaires les plus bas d’Europe.

Le salaire des enseignants en France, en Italie et en Pologne est inférieur à la moyenne européenne. Et ce, peu importe le stade de leur carrière, que ce soit à l’école primaire ou au collège. Les enseignants en Allemagne perçoivent le salaire effectif le plus élevé d’Europe, soit environ le double du salaire des enseignants français
Selon le rapport de la Depp depuis 2014, les salaires des enseignants débutants ont augmenté dans la plupart des pays d’Europe.  Mais la France fait partie de ceux pour lesquels cette augmentation de salaire a été la plus faible (entre 1 et 3%). Contrairement à l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Pologne qui enregistrent une hausse comprise entre 15 et 30%. ( source )

« Les profs sont toujours absents »

Absentéisme : (Éducation, Travail) Irrégularité répétée et non justifiée dans la fréquentation des lieux de travail.

Absence : L’absence apparaît dans son sens habituel notamment en droit du travail, quand il réglemente le remplacement du travailleur qui n’est pas momentanément présent à son poste ou lorsqu’il se trouve en « congé » ou en arrêt maladie par exemple.

Glissement sémantique : peu à peu on a vu les 2 termes se confondre et fusionner dans le langage politique, puis médiatique, puis finalement dans le langage courant.

Voici les statistiques (2013) qui montrent 2 choses

  1. confirmation du glissement sémantique
  2. Les profs ne sont pas plus absents que les autres travailleurs, et même plutôt moins

pour des données plus récentes on peut par exemple citer la cour des comptes : Surtout, « les enseignants ne sont pas plus absents que les autres agents de la fonction publique d’État », rappelle la Cour des comptes. Ils le sont même « moins que les agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière » et que les salariés du privé. ( source )

Mais qu’importe la réalité ! J’en veux pour preuve Charles Consigny le 26 octobre 2023 dans le 20h de Ruquier sur BMTV qui nous dit encore que « l’absentéisme chez les profs est bien plus important que dans les autres secteurs » et personne ne le reprend ! Ca se passe ici à 13min55s : https://www.bfmtv.com/replay-emissions/le-20h-de-ruquier/le-20h-de-ruquier-emeutes-les-parents-devront-payer-26-10_EN-202310260915.html